calligraphie chinoise qi encre sur papier, 68x68cm 2016

Caractères

L’os, la chair, le tendon, le sang, structurent et animent les traits de calligraphie chinoise…

Avec un pinceau souple, de l’encre fluide, et du papier qui boit, le calligraphe doit chercher les appuis en lui-même pour sculpter ce trait-corps fait d’une amorce- ancrage,

d’un développement-élan,

d’une finale -rassemblement…

De la fin d’un trait à l’amorce du trait suivant, le mouvement dans le vide nourrit le tracé. L’alternance vide-plein, comme rebonds comme ressorts, comme jeux de pressions, est semblable au taijiquan, et complémentaire :

En calligraphie, le mouvement reste inscrit… Impitoyable miroir...

Se détacher du résultat alors, car c’est le germe qui pousse, comment il pousse, comment le sentir pousser en soi, qui nous fait vivants.

Se centrer, ralentir,

accorder le coeur, la main,

le corps entier...

Dans cet exercice, l’attention a besoin de toute la présence psychique et corporelle, et le mouvement devient, de fait, prolongation d’un mouvement interne, d'une énergie qui vient de plus loin que soi, le calligraphe se faisant vecteur du souffle de l'univers.

2021 ouvrir l'espace

Ouvrir l'espace au coeur du caractère: Les caractères chinois sont composés d'un ou plusieurs éléments sémantiques et/ou phonétiques. L'espace entre ces éléments constitue un passage, un lien, une respiration, une mise en tension des éléments qui se conjuguent, s'attirent et se repoussent.

Jouer de ce vide en ouvrant l'espace ou décliner les éléments sémantiques avec des jeux d'empreintes, de couleurs, d'encre pâle, c'est jouer avec la polysémie des caractères chinois qui, grâce à leurs qualités idéographiques et pictographiques nous offrent des poèmes picturaux.

C'est proposer une interprétation qui questionne le sens, fait parler les caractères un peu différemment, avec un brin d'humour, tout en invitant le spectateur à entrer dans cette langue où les mots ne sont pas pensés comme chez nous....